Intoxications des chiens et chats : de plus en plus d’appels

Les appels téléphoniques aux centres antipoison vétérinaires augmentent d’année en année, tant de la part des vétérinaires que des propriétaires eux-mêmes. L’un des deux centres antipoison vétérinaire français, le Centre national édite chaque année des statistiques qui lui permettent de constater notamment une évolution des motifs d’appel.

Les centres antipoison vétérinaires, au nombre de deux en France, le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires, CNITV, à Lyon et le Centre antipoison animal et environnemental de l’Ouest, CAPAE-Ouest, à Nantes, reçoivent quotidiennement les appels de vétérinaires et propriétaires d’animaux de compagnie qui suspectent une intoxication chez un animal et veulent obtenir des conseils sur la conduite à tenir.

Ces centres enregistrent les appels, ce qui leur permet d’établir des statistiques sur l’évolution du nombre d’appels et les toxiques incriminés. Depuis 20 ans, les deux centres ont reçu plus de 444 600 appels pour les seuls carnivores domestiques (chiens et chats).

Ils font état d’un nombre d’appels croissant au cours du temps. Le CNITV par exemple recevait 6 923 appels en 2005 quand, en 2024, ce nombre était passé à près de 38 000.

Depuis 2005, il observe notamment une forte augmentation du nombre d’appels émanant directement des propriétaires. S’ils ne représentaient que 25 % des appelants en 2006, cette proportion était passée à 42 % en 2024.

 

Intoxications des chiens et chats : Prise de conscience

Par ailleurs, vétérinaires et propriétaires appellent le centre quand les animaux ne présentent pas encore de symptômes (59 % des appels), ce qui prouve leur réactivité et leur prise de conscience vis à vis des intoxications.

Les appels sont logiquement plus nombreux en provenance des régions à forte densité de population.

Le CNITV constate une évolution des toxiques qui motivent les appels depuis 20 ans. A noter que dans les trois quarts des cas, ces appels concernent les chiens, les chats étant encore très minoritaires.

Le trio de tête des toxiques incriminés reste inchangé depuis 20 ans avec en tête le chocolat suivi des raticides antivitamine K puis du paracétamol. Les raticides anticoagulants peuvent provoquer, dès deux jours après l’ingestion, des hémorragies internes à l’origine de signes cliniques variés et souvent mortelles si la prise en charge est trop tardive. Il existe en effet un antidote, la vitamine K1, mais qui doit être administrée à temps, d’où l’importance des appels aux centres antipoison.

Autre toxique fréquemment cité dans les appels au CNITV, le chocolat génère des appels croissants depuis 2005. Le centre rappelle que la prise en charge de cette intoxication des chiens et des chats dépend de la dose ingérée. Pour cette intoxication, il note une saisonnalité avec des pics d’appels lors de fêtes de fin d’année et, dans une moindre mesure, à Pâques.

 

Attention aux médicaments humains 

Des médicaments humains comme le paracétamol et l’ibuprofène sont fréquents dans les appels recensés au CNITV. Il rappelle que l’ingestion accidentelle ou l’administration volontaire de ces médicaments peut rapidement mener à un surdosage chez les carnivores domestiques, causant divers troubles.

D’autres toxiques sont toujours présents dans les appels même si leur part diminue comme les détergents (savon, liquide vaisselle, produits nettoyants non désinfectants…), responsables d’une irritation modérée à l’origine de troubles locaux en cas de contact cutané/oculaire, digestifs lors d’ingestion et respiratoires en cas d’inhalation (plus rares).

De nouveaux toxiques font leur apparition dans les statistiques du centre, parmi lesquel le raisin dont la toxicité digestive, nerveuse et rénale pour les carnivores domestiques est connue depuis relativement peu de temps (première publication en 2019).

Autre « nouveau » toxique, le xylitol est un édulcorant qui peut se retrouver dans les chewing-gums, dentifrices, produits dentaires et dans les excipients de certains médicaments. Il entraîne chez le chien une hypoglycémie sévère ainsi qu’une insuffisance hépatique en fonction de la dose ingérée.

Le CNITV cite d’autres toxiques de plus en plus présents dans le classement comme les engrais NPK (azote, phosphore et potassium) qui figurent toujours dans le top 5 des toxiques avec un pic marqué du nombre d’appels au printemps. Ces engrais peuvent être responsables de troubles digestifs et cardiaques.

A l’inverse, d’autres toxiques sont sur le déclin comme certains pesticides (glyphosate notamment), en lien avec l’évolution de la législation restreignant, voire interdisant, leur utilisation.

 

Les centres antipoison vétérinaires sont joignables par téléphone tous les jours de l’année de 8 h 30 à minuit au 04.78.87.10.40 pour le CNITV et au 02.40.68.77.40 pour le CAPAE, en cas d'intoxications des chiens et chats.

 

Source : article d’Ameline Azam et Nino Gardoni, du CNITV, publié dans La Dépêche Vétérinaire n° 1754 du 17 mai 2025.