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Chenilles processionnaires : le risque chez le chien et l'Homme s’étend sur le territoire

 

 

Responsables d’envenimations douloureuses aux conséquences parfois mortelles, les chenilles processionnaires, du pin ou du chêne, représentent un danger de plus en plus présent à la fois géographiquement et dans le temps. Repérer le signe d’une envenimation est indispensable car la prise en charge vétérinaire rapide de l’animal conditionne le pronostic.

 

Pourquoi les chenilles processionnaires sont-elles dangereuses ?

Si la période d’activité des chenilles processionnaires tendait à être circonscrite il y a quelques années, c’est de moins en moins le cas et le danger que représentent ces insectes pour les chiens et les chats s’étend de la même façon.

Il existe deux espèces de chenilles processionnaires : du pin et du chêne.

Ces espèces particulières de chenilles sont problématiques en raison des poils particulièrement urticants qui recouvrent leur corps et que l’insecte libère lorsqu’il se sent en danger.

Tout comme le feraient des harpons miniatures, ces poils s’ancrent dans l’épiderme du chien ou du chat s’il a le malheur de venir renifler une chenille, ou pire, de l’ingérer. Ils peuvent également se fixer dans les yeux ou les voies respiratoires et sont responsables de troubles graves et parfois mortels.

Pour bien comprendre le danger représenté par ces chenilles, il faut d’abord connaître leur biologie.

Avec cet insecte, ce sont les larves dans leurs derniers stades de vie qui sont dangereuses. De janvier à mars environ - mais cette période tend à s’étendre avec le changement climatique -, les larves quittent les arbres dans lesquels elles ont passé l’hiver à l’abri dans des nids (sorte de gros cocons blancs bien visibles dans les conifères). Elles se déplacent en procession, d’où leur nom, pour aller s’enfouir dans le sol où elles se transformeront en chrysalides puis en papillons.

La chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) et la chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea) sont des insectes venimeux urticants de la famille des lépidoptères (papillons). Ce sont des insectes forestiers dont on constate l’expansion du sud vers le nord sous l’effet du changement climatique. On les retrouve également de plus en plus en milieu urbain et elles constituent un problème sanitaire non seulement pour les animaux (de compagnie et de rente) mais aussi pour les humains !

 

Poils urticants orangés ou blanchâtres : un risque surtout chez le chien

Ces chenilles colonisent également des zones en altitude desquelles elles étaient absentes jusqu’à présent.

Elles sont reconnaissables à leurs poils urticants orangés (chenille du pin) ou blancs argentés (chenille du chêne).

Lorsque l’animal envenimé se gratte pour retirer les poils urticants, ces derniers se cassent et libèrent alors une protéines toxiques appelée thaumétopoéine qui est responsable des troubles.

Les chiens sont plus à risque que les chats car plus enclins à aller renifler ce qui les intrigue. Quelques publications rapportent une majorité de cas chez le chien par rapport aux autres espèces susceptibles d’être touchées (chats, chevaux, ruminants avec l'ingestion de fourrage contaminé par des poils urticants et les porcs avec le fouissement).

Chez le chien, les atteintes concernent principalement la cavité buccale avec un risque de nécrose de la langue dans 41 % des cas. Cette dernière n’est généralement pas mortelle et les chiens s’y adaptent.

Les atteintes cutanées sont beaucoup moins fréquentes que chez l’Homme.

Les vomissements sont rapportés dans la moitié des cas et les atteintes respiratoires ne sont pas rares. Les localisations oculaires sont plus anecdotiques.

« Les troubles apparaissent rapidement après une balade en forêt ou une exposition en ville », a signalé Catherine Collignon. Une prise en charge vétérinaire rapide est importante pour réduire le risque de nécrose de la langue.

Les symptômes d’une envenimation par les chenilles processionnaires sont variables en fonction de la localisation des poils urticants : œdème suivi d’une nécrose de la langue (cas le plus fréquent), ulcération, hypersalivation, nécrose de l’estomac si la chenille a été ingéré pouvant conduire à la mort.

Chez le chien, les atteintes concernent principalement la cavité buccale avec un risque de nécrose de la langue dans 41 % des cas. Cette dernière n’est généralement pas mortelle et les chiens s’y adaptent sous réserve que la prise en charge ait été rapide.

Ainsi, face à une telle situation, il est d’abord conseillé de mettre des gants pour éviter de se faire soi-même contaminer par les poils. Ensuite, il faut rincer abondamment l’animal et y compris l’intérieur de sa bouche s’il s’agit de la zone touchée avant de le conduire, en urgence, chez un vétérinaire.

 

Choc possible

Les irrigations buccales avant la prise en charge vétérinaire sont controversées car pour certains elles risqueraient d’entraîner une rupture des poils urticants et donc d’aggravation des lésions par libération de la toxine. Néanmoins il est plus fréquent de les voir conseillées qu’interdites.

Si la zone touchée par les poils est accessible, on peut tenter de les enlever avec du scotch. Lorsque ce sont les yeux ou la bouche qui sont atteints, on peut les tamponner avec une compresse imprégnée d’une solution au bicarbonate diluée.

Cette envenimation nécessite en effet une prise en charge rapide pour prévenir les nécroses secondaires à la fixation des poils urticants.

Des cas de chocs sont également rapportés et nécessitent d’autant plus une intervention vétérinaire en urgence.

Plus la prise en charge est précoce, meilleures seront les chances de récupération et de survie si les zones touchées sont vitales.

La prévention passe par la lutte contre les chenilles via la destruction des nids, le piégeage des larves quand elles migrent. Favoriser la présence de leurs prédateurs naturels comme la mésange fait également partie des mesures utiles.

 

Majoritairement bénin chez l’humain

Pour la population humaine, les données sont issues de celles enregistrées par les huit centres antipoison collectées dans une base nationale. Un travail sur les chenilles processionnaires a été réalisé dans le cadre d’une saisine de la Direction générale de la santé, avant donc le décret de 2022 qui a classé les chenilles processionnaires du pin et du chêne comme faisant partie des espèces dont la prolifération est nuisible à la santé humaine. Pour rappel, ce statut permet au préfet de prendre des mesures relatives à leur surveillance et à leur gestion par arrêté préfectoral dans les territoires où elles se développent.

Au total, les huit centres antipoison ont recensé 1022 cas entre 2012 et 2018, répartis dans 888 dossiers (en prenant en compte les expositions collectives) dont 594 dossiers concernant la processionnaire du pin et 157, la processionnaire du chêne (137 dossiers sans précision). Si les cas concernant la processionnaire du pin tendent à diminuer entre 2017 et 2018, ceux relatives à celle du chêne sont en augmentation continue.

Par ailleurs, de plus en plus de départements sont concernés et la remontée de ces espèces vers le nord est nette.

Dans 93 % des cas, l’exposition est cutanée et provoque rougeur, urticaire, papules… Des signes oculaires et respiratoires sont aussi rapportés.

La majorité des cas sont bénins, mais on enregistre quelques cas de gravité moyenne et, sur les 1022, 2 cas ont été sévères mais non mortels.

 

Source : Le webinaire est disponible en replay : https://urlz.fr/kCQb.
*Inrae : Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
**Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.